La direction d’Ariad, prévoyant l’onde de choc que produirait la publication le 30 juillet de mauvais résultats financiers, avait bien essayé de minimiser l’effet de cette annonce en rendant publique deux jours plus tôt les résultats cliniques prometteurs de deux essais de phase un et deux dans lesquels le ridaforolimus est impliqué.
Le cours de l’action Ariad a donc connu des hauts et des très bas, enregistrant jusqu’à 18% de baisse lors de la publication des résultats. Pour nous, patients, cela nous dépasse un peu. Quelles répercussions peuvent avoir ces « crises financières » sur nos attentes et notre espoir de bénéficier de la molécule tant attendue ?
L’essai SUCCEED est perçu au sein de cette société comme une véritable planche de salut : C’est un essai prometteur, qui permettra la publication dans un court délai de bons résultats. Ces publications, tout comme les futurs agréments que pourraient recevoir le ridaforolimus entraineront à chaque étape le paiement de sommes très importantes par Merck à Ariad. L’achèvement dans un futur proche de SUCCEED est donc la garantie d’apports de fonds importants pour la société en manque de liquidités. Il en résulte pour nous, malades, que nous n’auront probablement pas à attendre durant de trop longs mois l’autorisation de mise sur le marché du ridaforolimus pour le traitement des sarcomes, si tant est que les administrations françaises ou canadiennes emboitent le pas rapidement à la FDA américaine.
Concrètement, l’enrôlement des 650 patients sera achevé à fin 2009 et l’AMM sera probablement obtenue fin 2010 ou tout début 2011 à partir des résultats de la deuxième analyse intermédiaire qui seront soumis à
Coté négatif :
La pression de Merck sur Ariad afin de développer prioritairement des essais portant sur des cancers à fort potentiel commercial se fait sentir (je sais, ça fait froid dans le dos quand j’écris ces mots). Merck a tout d’abord demandé à Ariad d’étudier le ridaforolimus en application dans des cas de cancer dont l’incidence est supérieure à celle des sarcomes qui restent des cancers rares. Ils suggèrent notamment les cancers du sein et ceux du poumon non à petites cellules. (d’après les derniers chiffres du CIRC disponibles auprès de l’INCA, par an, on a 965.000 nouveaux cas de cancer du poumon par an, soit environ 770.000 cancers non à petites cellules, 1.151.000 cas de cancer du sein, pour bien moins de 100.000 cas de sarcomes puisqu’ils représentent seulement environs 1% des cancer, il est clair que le marché est plus restreint…).
Toujours dans ce même souci de rentabilité, il semble que Merck ne soit pas très chaud pour mettre la priorité sur les essais où le ridaforolimus est prescrit en association avec des molécules développées par des laboratoires concurrents (Avastin et Herceptin du groupe Roche). L’idée est bien de concentrer les recherches sur les marchés les plus porteurs financièrement plutôt que de développer des marchés où des résultats rapides sont possibles mais où il faudrait partager la manne avec la concurrence. Les marchés où la molécule sera associée à d’autres agents seront probablement remis en chantier ultérieurement lorsqu’il s’agira de chercher de nouveaux marchés de niche. Concrètement, dans le cas de l’essai de phase 2 associant l’herceptin au ridaforolimus dans les cancers du sein métastasés, bien que ceux-ci soient très prometteurs, Merck demande clairement à Ariad de ne pas mettre en route l’essai de phase 3 qui permettrai la validation du traitement.
Il faut relativiser les choses et les remettre en contexte. Le marché des petites molécules médicamenteuses est un marché de pointe très prometteur et les traders les observent de près comme un Eldorado possible. Malgré cette baisse brutale, Ariad reste sur un score de plus de 30% d’augmentation de sa cote boursière. Les dirigeants d’Ariad voient le but proche et ne veulent pas compromettre leur chance de forte plus-value à court terme. Aussi, dans la foulée, quelques heures après la publication de ces résultats financiers, la direction annonçait qu’ils procédaient à une offre publique d’achat pour environ 30 millions d’actions, le président, Harvey J. Berger en achetant lui-même pour 3 millions. Tous les éléments de ces annonces successives se trouve sur le site d'ARIAD, dans l'onglet "Investors/News".
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