07/06/2009

Résultats de la Phase II

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Avant de lire cette traduction, je vous demande de prendre connaissance de la définition du terme « survie » qui est un mot lourd de signification et qui a un sens très précis en médecine. Méconnaître cette définition revient à s’exposer à des angoisses injustifiées :

Survie (Définition du dictionnaire du cancer de la FNCLCC)

C'est le critère le plus important, inverse de la mortalité, pour évaluer les effets d'un traitement sur une affection spontanément fatale comme un cancer. La survie d'un malade signifie qu'il n'est pas encore décédé, ni du fait de son cancer ni pour une autre raison. L'âge des personnes atteintes d'une tumeur est en effet élevé et ces personnes sont exposées à mourir d'une autre cause liée à leur vieillissement comme, à tout âge et de façon moins influente, elles sont exposées à une mort par accident ou d'une autre maladie.
A côté de la survie individuelle, la cancérologie s'intéresse à la survie collective d'un groupe de sujets atteints d'un cancer donné ou d'une forme de ce cancer. Elle est exprimée par une courbe qui regroupe la survie de tous jusqu'à leur décès ou jusqu'au moment de l'observation (on parle alors de survie actuarielle). Ces courbes donnent des indications chiffrées. La survie moyenne est peu pratique car elle ne peut être calculée que lorsque tous les malades sont décédés, ce qui est rare ou tardif, même pour des formes très graves de cancers.
On utilise plutôt la survie médiane qui est le délai auquel la moitié des patients sont morts, l'autre moitié étant encore vivants : un malade particulier de cette catégorie a une chance sur deux d'être vivant à ce délai. On indique aussi la proportion de malades vivants après un certain recul : un an, cinq ans, dix ans, etc. Comme certains décès n'ont pas de relation avec le cancer, la survie globale, ou ' brute ', traduit imparfaitement l'évolution du cancer : par exemple la survie d'octogénaires avec un cancer de la peau qui guérit presque toujours n'est pas meilleure que celle de femmes de cinquante ans avec un cancer du sein qui guérit moins souvent. Aussi, pour mieux traduire l'évolution du cancer, on calcule une survie ' corrigée ' qui ne tient compte que des morts dues certainement ou probablement au cancer considéré.
On calcule aussi des survies sans rechute ou en bonne santé qui sont des survies en rémission complète : ces dernières permettent de définir la guérison. L'objectif de tous ces calculs n'est pas de ' truquer ' les résultats mais d'affiner leur analyse pour faire la part de différentes causes à l'origine du décès des malades : le cancer connu, un deuxième cancer, une complication du traitement, une maladie indépendante ou un accident. Dans le même esprit on précise la qualité de vie des malades après leur cancer. Ces éléments permettent de mieux comparer les résultats de deux traitements dans un essai thérapeutique de phase III pour donner aux médecins et à leurs patients les indications utiles pour la décision médicale et le choix du traitement. Certaines infirmités peuvent être refusées par des malades, malgré la perte de quelques chances de survie, tandis que d'autres en accepteront le risque.

Bernard Hœrni., 16/5/2002 - mise à jour le : 24/02/2003

Cette lecture est sans doute ardue, mais il faut comprendre que dans le résumé qui va suivre, on parle de survie médiane, c'est-à-dire qu’on indique le nombre de semaines au bout duquel la moitié des patients est encore en vie. Cela veut dire que la moitié des patients va vivre au-delà, voir même, bien au-delà de ce nombre de semaines. Ceci n'a donc rien à voir avec les traditionnelles moyennes que nous avons l'habitude de rencontrer. Lorsque les résultats indiquent « non atteints », cela veut dire qu’à la date de publication, plus de la moitié des patients étaient toujours en vie et qu’on ne pouvait donc pas encore calculer la survie médiane, ce qui est plutôt rassurant.

Compte rendu de l'Asco 2007

Résultats de survie avec l’AP23573, un nouvel inhibiteur de mTOR, chez des patients présentant des sarcomes des tissus mous ou des sarcomes osseux avancés.
Mise à jour de l’essai de phase 2


Sous-catégorie : Autres : Sarcomes
Catégorie : Sarcomes
Congrès : Congrès annuel de l’Asco de 2007
Résumé n° : 10076
Cité dans : Journal de cancérologie clinique, Annales du congrès annuel de l’Asco 2007. Partie I, volume 25, n° 18S (supplément du 20 juin), 2007, 10076
Auteurs : S. P. Chawla, A. W. Tolcher, A. P. Staddon, S. Schuetze, G. Z. d’Amato, J. Y. Blay (*), J. Loewy, R. Kan, G. D. Demetri.

(*) Jean Yves BLAY : Hôpital Edouard Herriot et ISERM, centre Léon Berard à LYON

Résumé :

Contexte :
L’AP23573 est un inhibiteur de mTOR qui a montré une action en tant que monothérapie sur un large éventail de types de tumeurs sarcomateuses au cours des essais de phase I et de phase II. Le taux de survie globale a été étudié afin de mesurer cette survie globale parmi la population traitée ainsi que dans le sous-ensemble des patients qui obtiennent une réponse clinique favorable.
Méthodes :
Des patients ayant des sacomes avancés ont été inscrits sans aucune restriction par rapport aux thérapies antérieures, dans 4 groupes basés sur le sous-type histologique, pour un essai de phase II de l’AP23573 avec un schéma thérapeutique de 12,5 mg IV sur 5 jours tous les 15 jours. L’efficacité a été évaluée selon les critères RECIST, avec une réponse clinique favorable définie comme étant une réponse complète ou partielle, ou une stabilisation de la maladie pendant au moins 16 semaines. Le taux de survie globale a été calculé de la date de la première dose d’AP23573 à la date du décès quel qu’en soit la cause. Les estimations sur la durée de survie de la population selon la méthode Kaplan-Meier, ont été calculées en utilisant le taux de survie corrigé à la dernière date où le patient a été vu vivant lorsque la date de décès était manquante ou inconnue. Les patients continuent à être suivis pour évaluer leur taux de survie globale dans cet essai qui se poursuit.
Résultats :
212 patients (105 hommes/107 femmes, âge moyen : 50,6 ans (de 17 à 79 ans)) ont été traités. La plupart des patients (79%) avait reçu 2 traitements antécédents et plus de 90% des patients voyaient leur maladie progresser au moment de l’inscription. Le taux de réponse clinique favorable global a été de 29%, comprenant 5 réponses partielles (4 sarcomes osseux, 1 MFH (histiocytofibrome malin)). La médiane de survie globale était de 40,1 semaines pour l’ensemble de la population étudiée. Dans le sous-groupe des patients ayant obtenu une réponse clinique favorable, la médiane de survie globale a été de 67,6 semaines, laissant penser que la réponse clinique favorable, c'est-à-dire la mise sous contrôle avérée de la tumeur était en corrélation avec l’augmentation de la survie globale.
Conclusions :
L’AP23573 démontre une activité de monothérapie pour les patients ayant des sarcomes avancés comme cela est démontré par le taux de réponse clinique favorable pris comme principal critère d’efficacité. Les résultats de l’analyse du taux de survie globale suggèrent que l’obtention d’une réponse clinique favorable dans cette population de patients peut entraîner une survie prolongée. La cohérence de cette conclusion devrait être étudiée plus avant en tenant compte d’autres facteurs sur les patients pour lesquels on émet aussi l’hypothèse qu’ils sont en corrélation avec le taux de survie de cette population de patients.



Je vous livre aussi le résumé en français de cette communication, fait sur le site de France-Cancer.net qui propose un compte rendu du congrès de l’ASCO 2007 :

L'AP23573 : inhibiteur de la voie mTOR : déjà à l'affiche l'année dernière, les analogues de la rapamycine, inhibiteurs de la voie mTOR, bloquent la voie intra-cellulaire AKT/mTOR/S6kinase. Actuellement au nombre de 5 (sirolimus, évérolimus ou RAD001, CCI779, AP23573 et périfosine), seules les molécules AP23573 et la périfosine semblent prometteuses dans les STM. L'AP23573, a été évaluée en phase II sur 4 cohortes de patients : liposarcome, léïomyosarcome, tumeurs osseuses et autres sarcomes (S. P. Chawla, Abstract 10076). Avec un schéma thérapeutique de 12,5 mg IV sur 5 jours tous les 15 jours, la tolérance est acceptable (anémie, thrombopénie, mucite et rash cutané) avec une incidence de grade 3 inférieure à 5% chez 212 patients traités. Les bénéfices cliniques (réponses objectives et stabilisations de plus de 4 mois) sont de 30% pour les tumeurs osseuses, 33% pour les léiomyosarcomes, 30% pour les liposarcomes et 23% dans les autres sarcomes. Le taux de non-progression à 6 mois est de 23% pour l'ensemble des patients, soit un taux supérieur à celui retenu par l'EORTC (14%) pour considérer une drogue comme active en deuxième ligne de chimiothérapie dans les STM métastatiques. La survie globale est de 40 semaines et de 68 semaines pour ceux qui en tirent un bénéfice clinique. Une phase III devrait débuter prochainement sous une forme orale chez des patients non progressifs sous chimiothérapie conventionnelle (principe de la maintenance de la réponse dans les STM, étude contre placebo, projet SMART). Suit un résumé concernant la périfosine...

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